LES CHINOIS

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La Grande Guerre et ses chinoiseries

Durant plus d’un demi-siècle, André Coilliot a collectionné les « souvenirs » – du très petit au très encombrant – des deux guerres mondiales. Véhicules, uniformes, livres… S’il a vendu une grosse partie de son « trésor des guerres » à Avril Williams, une Anglaise ayant ouvert un musée près de son « tearoom » à Auchonvillers dans la Somme, l’ancien cheminot de Beaurains reste l’une des figures majeures de la « petite histoire locale des deux conflits ». Incollable sur les « sombres jours de mai 40 à Arras » ou sur « Beaurains sous le feu de 1914 à 1917 ». Intrigué aussi par la présence de travailleurs chinois dans notre département durant la Grande Guerre.

« J’ai vu des tombes avec des idéogrammes dans le cimetière d’Ayette, et je me suis dit comment ça se fait qu’ils sont là? » Question longtemps passée sous silence; le sort des « Coolies » dans nos campagnes a été peu étudié. Très peu étudié. Dragons, pétards, nattes et tresses, les choses bougent aujourd’hui, on a même vu une conférence internationale de trois jours sur le sujet en septembre dernier… en Chine, plus exactement à Weihai dans la province de Shandong (au nord-est du pays) où fut recrutée la majorité des 95000 Chinois ayant travaillé pour l’armée britannique de 1917 à 1920. Côté armée française, 44000 travailleurs effectuèrent ce grand déplacement (la baie de Canton était une enclave française).

André Coilliot sort son dossier « chinois » et tombe sur la photocopie d’une carte indiquant les nombreux camps – et cimetières – du Chinese Labour Corps : Arques, Audruicq, Berguette, Boulogne, Calais, Dannes-Camiers, Érin, Étaples, Hardelot, Houdain, Moulle, Ruminghem, Saint-Omer, Seninghem, Tournehem, Wimereux… Et il en manque. Le camp de Bouvigny-Boyeffles a été retrouvé et étudié par Serge Thomas et ses élèves de l’école de Sains-en-Gohelle. Les témoignages ont afflué à l’école! Beaucoup tombaient des nues. Il y avait bien des centaines de Chinois en Gohelle, dans le Ternois. « À Érin, ils réparaient des tanks », rappelle André Coilliot. Une immense usine. Le musée du tank à Bovington en Angleterre possède des photographies d’ouvriers chinois (51e, 69e et 90e compagnies) des Tank Central Workshops implantés dans la vallée de la Ternoise, à Érin puis à Teneur…

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